Ouvrir le travail, l’idée est surprenante tant le mot travail a été placé du côté de la fermeté et de la solidité. En effet, « Travail » est supposé venir d’un rigide instrument de torture, le tripalium. Ou, hypothèse plus probable de la trabs : la « poutre » en latin…

Mais n’oublions pas que quand « le bois travaille », il y a « du jeu » entre les planches et donc de nouvelles possibilités de bouger. C’est bien cette métaphore qui se réanime avec l’Open travail. Elle libère l’entreprise qui devient open minded et renouvelle son rapport à l’espace, physique comme mental.

Dans notre monde, souvent pessimiste, de bonnes surprises arrivent alors : le télétravail imposé par la crise sanitaire a mis en jeu la responsabilité individuelle et la confiance, créant de nouvelles manières de collaborer. Eloignant les individus, elle a rendu le petit préfixe cum (« avec » en latin) très précieux. Et prolixe : collaboratif, conférence, confiance, co-working…

Dans la collaboration du français et de l’anglais, une nuance liée à la nature a également été créée. Plusieurs adjectifs sont nécessaires pour dire « air frais », « pleine mer », « horizon dégagé » quand open country, open sea, open air se déclinent dans une belle unité. C’est que la racine d’Open vient du monde épique des vikings. Upo donne aussi « Up »… En anglais,« ouvrir » c’est d’abord exécuter un mouvement vers le haut.

Notre socle latin et notre socle nordique montrent ainsi qu’ils sont capables de s’hybrider. D’ailleurs, « To travel » a été créé sur « Travail ».

Le voyage ne fait donc que commencer. Nous voilà en route pour explorer le monde de l’Open Travail !

Signé : Mariette Darrigrand

Mariette Darrigrand

Mariette Darrigrand est sémiologue et dirige le cabinet Des Faits et Signes, spécialisé dans l’analyse du discours médiatique. Blogueuse et chroniqueuse (France Culture, Le secret des sources), elle intervient régulièrement dans les médias. Elle est chargée de cours à Paris 13 (sémiologie du livre).