D’après une enquête Pôle Emploi, plus d’un tiers des entreprises d’au moins 10 salariés utilisent l’intelligence artificielle ou sont en train de la déployer (1). Une révolution technologique est en marche dans le monde du travail.                 

Quelles conséquences pour le travailleur ?

La fin de certains emplois

Parce qu’elle peut accomplir des tâches traditionnellement réalisées par des humains, l’IA menace directement certaines professions. Journalistes, employés de banque et d’assurance, chauffeurs de taxi craignent de voir leur métier disparaître. L’OCDE estime que 32 % des emplois seront profondément transformés par l’automatisation dans un avenir proche (2).

La valorisation des compétences transversales

L’intelligence artificielle sait effectuer des tâches complexes en se basant sur des règles prédéfinies. Elle n’est pas autonome ni capable de penser par elle-même et ne possède donc pas de compétences sociales. Ces « soft skills » telles que l’esprit critique ou le sens du relationnel sont de plus en plus valorisées par les entreprises dans lesquelles l’IA est utilisée car elles permettent d’obtenir une bonne complémentarité entre les machines et les collaborateurs.

Le développement de nouvelles compétences

Travailler avec l’intelligence artificielle requiert de nouvelles compétences :

  • Chez les salariés qui seront amenés à s’en servir pour exécuter leurs missions. Ils doivent être formés au fonctionnement des outils de l’IA mais également sensibilisés aux enjeux liés à leur usage dans le cadre de l’entreprise.
  • Chez les travailleurs qui auront à développer, contrôler et entretenir les solutions d’IA afin de garantir leur efficacité et d’exploiter pleinement leur potentiel. Les premiers métiers créés par l’intelligence artificielle font déjà leur apparition comme celui de « prompt engineer » dont le travail consiste à formuler des requêtes pour obtenir les meilleurs résultats de l’IA générative.

Quels effets sur le travail ?

Une amélioration de la productivité

Selon un rapport Accenture, l’intelligence artificielle pourrait augmenter la rentabilité des entreprises de 38 % en moyenne à l’horizon 2035 (3). De fait, l’automatisation de tâches répétitives génère un gain de temps et d’efficacité ainsi qu’une réduction des erreurs et des coûts. Par ailleurs, déléguer une partie du travail à des machines permet de se concentrer sur des tâches moins dangereuses, plus gratifiantes et à forte valeur ajoutée.

Une meilleure connaissance du marché

L’intelligence artificielle représente un avantage concurrentiel pour les entreprises. Certains logiciels d’IA sont capables d’analyser des mégadonnées pour les aider à mieux comprendre les besoins de leurs clients. Grâce à ces outils, les entreprises peuvent affiner leurs stratégies : déployer des campagnes marketing ciblées, améliorer leur service client ou encore développer de nouveaux produits.

Une nouvelle organisation du travail

Les solutions d’IA facilitent la gestion et le partage d’informations de même que le travail en équipe par exemple en automatisant la planification de réunions ou l’assignation de tâches. Elles permettent également d’optimiser la prise de décision grâce à l’analyse prédictive des données et à leur traitement ultrarapide.

Des risques à ne pas négliger

Si l’IA peut améliorer les conditions de travail notamment en en diminuant la pénibilité, elle peut aussi les dégrader. C’est ce qu’a révélé une étude réalisée par une équipe internationale de chercheurs auprès de 794 employés exerçant à Taïwan, en Indonésie, en Malaisie et aux États-Unis (4). Les personnes interrogées ont déclaré se sentir plus isolées depuis qu’elles se servent de l’IA au travail.

Le délitement du lien social n’est pas le seul risque induit par l’essor de l’IA en entreprise. Ils sont multiples : managériaux, environnementaux, opérationnels. Garantir un usage responsable des solutions d’intelligence artificielle constitue un enjeu majeur pour les structures qui les ont adoptées. Une réflexion est actuellement menée sur le sujet à l’échelle nationale et européenne et dont l’objectif est de construire un modèle d’« IA de confiance » reposant sur un équilibre entre éthique et innovation (5).

  1. https://www.pole-emploi.org/accueil/communiques/enquete–les-employeurs-face-a-lintelligence-artificielle—-plus-dun-tiers-des-etablissements-de-10-salaries-et-plus-utilisent.html?type=article#:~:text=Au%20cours%20du%20mois%20de,en%20train%20de%20la%20déployer.
  2. https://www.inria.fr/fr/intelligence-artificielle-quels-impacts-sur-le-monde-du-travail
  3. https://newsroom.accenture.fr/fr/news/company-news-release-artificial-intelligence-2035.htm
  4. https://www.rtbf.be/article/travailler-avec-lintelligence-artificielle-nous-rendrait-malheureux-11213538
  5. https://www.entreprises.gouv.fr/fr/numerique/enjeux/promouvoir-modele-d-ia-ethique