La crise sanitaire n’en finit plus de redistribuer les cartes du recrutement. Après avoir révélé l’importance des compétences reliées au savoir-être, les soft skills, voilà désormais que les recruteurs s’intéressent à nos mad skills : nos passions, nos engagements… En bref, toutes ces expériences qui font la singularité de chacun d’entre nous. Explications.
Pionnières dans la réinvention des méthodes de travail et de gestion des ressources humaines, les entreprises de la Silicon Valley ont, sans surprise, été les premières à percevoir l’intérêt de recruter des profils atypiques pour favoriser la créativité, l’innovation et l’agilité au sein de leurs organisations. Et c’est pour faciliter la détection de ces profils hors normes qu’a été imaginé le concept de mad skills. Portée par les nombreux bouleversements organisationnels engendrés par la crise sanitaire, cette appétence pour l’atypique n’a pas tardé à franchir l’Atlantique. Mais de quoi parle-ton précisément ? Contrairement à ce que pourrait laisser penser la traduction littérale du terme mad skills, ces compétences n’ont de folles que le nom. Aptitudes hors du commun serait plus exact. Le terme, volontairement outrancier, recouvre en effet tous les traits de caractère et toutes les expertises rares, atypiques, singulières, acquises ou démontrées au travers d’expériences personnelles fortes. En d’autres termes, tous les petits grains de folie potentiellement utiles à l’entreprise.
Les mad skills, des compétences clés à l’heure des changements de paradigme
A priori peu différentes des activités mentionnées à la rubrique « Centres d’Intérêt » des CV traditionnels, les mad skills s’en différencient cependant par leur caractère remarquable, voire exceptionnel et par leur intérêt avéré pour l’entreprise. Une implication soutenue dans l’organisation des prochains JO 2024 sera, par exemple, la marque d’un esprit collectif à toute épreuve, la pratique à haut niveau d’une activité artistique, un signe de créativité et de persévérance, la création d’un compte Instagram à succès, la preuve d’une capacité à convaincre et fédérer… Autre différence de taille, les expériences plus intimes sont également à faire valoir, comme le fait d’avoir vécu à l’étranger, surmonté une maladie grave ou un échec, d’accompagner un proche en tant qu’aidant… Elles témoignent en effet de capacités d’adaptabilité et de résilience, particulièrement bienvenues dans un monde professionnel contraint en permanence à se réinventer.
Mad skills, comment les mettre en valeur ?
Bien sûr, présenter un caractère atypique, fonceur, créatif ne saurait suffire à décrocher le job de ses rêves. Les mad skills ne valent qu’assorties de solides compétences techniques (hard skills) et comportementales (soft skills). Mais ces qualités particulières peuvent être l’opportunité pour les jeunes diplômés de se démarquer malgré un CV encore en construction. Elles peuvent aussi, pour les professionnels plus aguerris, attester de qualités organisationnelles ou de leadership exceptionnelles, voire pour les profils plus âgés, révéler une capacité à rebondir, à sortir de leur zone de confort, à transmettre un savoir. Les candidats, quel que soit leur profil, ont donc tout intérêt à mettre leurs expériences personnelles en valeur sans omettre bien sûr d’en souligner la plus-value pour l’employeur.
Recruteurs : comment les repérer ?
Déceler les mad skills d’un candidat constitue également un défi pour les recruteurs. Il leur faudra pour cela à la fois élargir leur grille de lecture et trouver le moyen de laisser s’exprimer ces talents cachés. L’adoption de méthodes de recrutement moins normées et plus intuitives (escape game, job datings, tests de personnalité…) peut être un moyen d’y parvenir, tout comme une plus grande place accordée lors des entretiens à l’expérience humaine et personnelle. Une fois le mouton à cinq pattes identifié et recruté, le manager devra tout mettre en œuvre pour lui permettre d’exprimer pleinement ses talents et traits de caractère hors normes. L’enjeu est d’importance car, à l’heure où l’épanouissement personnel prend le dessus sur le tout carriérisme et où les recrutements se font plus difficiles, la prise en compte des mad skills marque peut-être le début de la liberté d’être soi dans le cadre professionnel. Une petite révolution en somme !
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