A quel job rêvent les jeunes ? Au-delà des difficultés liées à leur entrée sur le marché du travail, les futurs actifs comptent bien donner du sens et de la valeur à leur vie professionnelle, et faire évoluer le modèle laissé par les générations passées.

Certes, la pandémie a été vécue comme une véritable déflagration par les étudiants et les jeunes diplômés des grandes écoles. Beaucoup de jeunes actifs ont perdu leur emploi durant les confinements. D’autres, qui s’apprêtent à entrer sur le marché du travail, s’inquiètent. Selon une étude publiée conjointement par BCG, la Conférence des Grandes Ecoles et IPSOS, une majorité des étudiants (54 %) se dit peu confiante envers l’avenir et près de deux tiers s’attendent à devoir faire des concessions sur leur premier emploi. Conscients des difficultés à venir, leurs aspirations professionnelles ne semblent pourtant pas avoir changé en profondeur.

Le choix d’un métier passion

Une enquête de l’Institut Montaigne révèle que le premier critère des 18-24 ans pour choisir un employeur reste « le travail par passion » à 42 %, contre 33 % pour leurs aînés. On est loin d’avoir affaire à une génération désabusée ou platement matérialiste : les jeunes veulent s’investir dans leur travail et en retirer des satisfactions personnelles autres que strictement pécuniaires. Selon Bpifrance, l’engagement entrepreneurial est d’ailleurs nettement plus élevé chez les jeunes. Pour réaliser leur rêve ou pour devenir leur propre patron, un jeune sur deux contribue aujourd’hui à la chaîne entrepreneuriale en France contre un Français sur quatre chez les 30 ans et plus.

Un collectif et une bonne ambiance

Dans un ouvrage plus sociétal, La Fracture, les auteurs évoquent le travail comme l’une des grandes valeurs totems de la jeunesse actuelle. Même s’ils sont plus autonomes et réticents à l’autorité, ils apprécient la dimension collective, voire conviviale de l’entreprise, avec le sentiment d’intégrer une communauté. La majorité considère leurs collègues comme des amis et abolissent la séparation entre sphère personnelle et sphère professionnelle. Selon l’IPSOS, l’ambiance au sein des équipes fait partie des premiers critères de choix d’une entreprise, loin devant la rémunération ou la possibilité de télé travailler, qui n’arrivent respectivement qu’en 11e et 19e positions.

Des métiers qui font sens

Dans le même temps, les jeunes se montrent de plus en plus exigeants envers les entreprises. Ce qu’ils veulent y trouver ? Un emploi qui fasse sens et leur permette de se rendre utiles. A ce titre, le secteur de l’environnement reste de loin le plus prisé (71 %), devant celui des énergies, de l’humanitaire et du conseil. « Pas question de se retrouver à faire un job vide de sens. Les jeunes regardent évidemment l’engagement des entreprises et leur sincérité mais regardent aussi, et surtout, l’utilité de leurs missions et leur apport au sein de l’entreprise », selon Laurent Champaney, Vice-président de la Conférence des grandes écoles. Et pour décrocher le graal, 60 % des talents sont prêts à prendre des postes plus précaires. Les jeunes actifs consentiraient même à baisser leur salaire de 12 % pour aller travailler dans une entreprise davantage en accord avec leurs convictions sociales et environnementales.

Des employeurs responsables

Toujours selon l’étude publiée conjointement par BCG, la Conférence des Grandes Ecoles et IPSOS, 79 % des sondés estiment que l’engagement RSE de l’entreprise est un critère important dans le choix d’un nouveau travail. Les grands groupes demeurent le choix numéro un de la moitié des étudiants et des diplômés, car ils sont considérés comme les plus à même de pouvoir changer les choses, notamment en matière de protection de l’environnement, d’insertion des personnes handicapées, de parité hommes-femmes et d’égalité des chances… même si cet engagement est majoritairement interprété comme de l’opportunisme ou de la communication. 56 % des jeunes talents se déclarent prêts à refuser un poste dans une entreprise qui manque d’engagement social et environnemental. Avec le retour de la croissance et de la guerre des talents, les entreprises qui auront lancé une réflexion sur les thématiques de RSE, de réputation et de réorganisation du travail auront clairement plus de chance d’attirer ces jeunes pousses exigeantes et lucides.

Signé : Caroline Mouy